LA JEUNE FILLE AU CARTON À CHAPEAU de Boris BARNET (URSS, 1927 – 70 mn) compte rendu du festival de Toulon Dans le cadre de la saison culturelle de la ville du Plessis-Pâté, TÉLÉCHARGER |
Natacha fabrique des chapeaux dans la campagne moscovite. En se rendant à la capitale, dans le magasin de Madame Irène qui achète ses chapeaux, elle rencontre Ilia, un étudiant qui débarque de Province. Afin d’échapper à la politique d’Etat réquisitionnant les logements inoccupés, Mme Irène fait une fausse déclaration d’hébergement à Natacha. Pour domicilier Ilia dans la pièce qui lui a été officiellement attribuée, mais q’elle n’occupe pas, Natacha lui propose un mariage blanc. Ilia accepte tout en espérant qu’au fil du temps, Natacha s‘installera vraiment avec lui… Fous de rage de devoir libérer une pièce de leur appartement, Mme Irène et son mari Paul rémunèrent Natacha avec un titre d’empreint d’Etat sans pouvoir deviner que le gain de 25000 roubles tombera justement sur le numéro de ce titre-là… Le style du film illustre parfaitement des théories chères à Lev Koulechov, qu’on a souvent nommé le « père du cinéma russe ». Tout au long de La Jeune Fille au carton à chapeau, Barnet y applique ses principes, notamment sa célèbre thèse sur l’importance du montage, bien que poussée d’une manière moins rigoureuse et radicale que chez d’autres grands maîtres du cinéma soviétique. Barnet fait un usage infiniment plus réduit du gros plan qu’Eisenstein et on remarquera dans ce film une nette influence du théâtre constructiviste, marqué par la géométrie dépouillée des décors sans stylisation décorative, aucune. C’est
dans l’interprétation, sans doute, que l’on trouve les traces les plus
nettes du théâtre satirique de l’époque, très influencé par le
constructivisme. Il en est ainsi dans la singulière gymnastique
irréaliste de la servante Marfoucha lorsque, sur l’échelle, elle lave
la vitrine. Ou encore à l’étudiant transportant le noceur endormi sur
son siège. Peut-être peut-on y voir aussi quelques réminiscences du
cinéma burlesque américain (Harold Lloyd, par exemple, avait été très
en vogue dans les années 1920-25 en Russie comme ailleurs).
"…
Pour le burlesque enjoué et dynamique, riche et plein de sous-entendus,
du réalisateur soviétique Boris Barnet (qui apparaît ici déjà comme un
véritable innovateur des techniques cinématographiques !), le pianiste
russe Vadim Sher et la violoncelliste Marie Gremillard préfèrent une
partition écrite (de la main de Vadim Sher lui-même), au timing serré,
qui colle parfaitement à l’action pour mieux en souligner les gags et
le cocasse hilarant. |
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